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jeudi 21 juillet 2011

Quand la région se réchauffera de 4°…



Quand la région se réchauffera de 4°…
Quand la région se réchauffera de 4°…
Nous sommes en 2 091 et le Grand Sud n'est plus ce qu'il était. Les paysages, déjà, ont changé : les forêts de hêtres de l'Ariège ont totalement disparu. Privé de ses sapins, l'Aveyron doit chaque année veiller à éviter les incendies en raison des sécheresses à répétition.
D'ici à la fin du siècle, les températures pourraient s'élever en France de 2° à 4°. Le réchauffement aura des conséquences jusque dans le Grand Sud. Hier, Nathalie Kosciusko-Morizet a donc présenté son plan d'adaptation avec 230 mesures.
Sensibilisés, les habitants du Grand Sud disposent tous d'immenses cuves de récupération d'eau de pluie. Enterrées, elles permettent de faire le plein lors des orages diluviens qui s'abattent sur le pays. En bord de Méditerranée, la Camargue fait désormais partie des livres d'histoire. Son fragile écosystème n'a pas résisté à la remontée du sel, lié à celui du niveau de la mer. Partout sur le littoral, les ports des marinas ont été aménagés pour contrer la montée des eaux, donnant à Gruissan et à Collioure des airs de petite Venise. Dans les plaines des Hautes Pyrénées et du Gers, les grandes cultures de maïs cèdent leur monopole au Sorgho, une céréale originaire d'Afrique, qui résiste mieux à la sécheresse. À Toulouse, des campagnes de vaccination contre la dengue et le paludisme rythment les années scolaires, tandis que dans les cantines, le ticket de repas a encore augmenté en raison de la flambée du prix de la viande.
Nous ne sommes pas encore en 2 091. Mais les enfants de nos écoles connaîtront cette époque. Et la fiction présentée ici pourrait fortement ressembler à leur réalité.
Hier, mercredi 20 juillet, Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté son plan d'adaptation au changement climatique, avec 230 mesures pour faire face à l'augmentation des températures (lire ci-dessous). Un scénario qu'elle juge « inéluctable » et pour lequel elle débloque 171 millions d'euros d'ici 2 015.
Les fonds viendront s'ajouter aux 391 millions d'euros déjà actés au titre des « investissements d'avenir ». Insuffisant, répond Martin Malvy, le président de Midi-Pyrénées, qui rappelle que les régions françaises ont investi sur le sujet 5,5 milliards d'euros sur la seule année 2010 : « Après les faux espoirs du Grenelle, le gouvernement en est réduit à présenter un catalogue de mesures. Il s'agit de bonnes intentions mais les moyens ne suivent pas ».
Reste à faire évoluer les mentalités, puisque les échéances sont désormais connues.

Nathalie Kosciusko-Morizet : "Il faut agir"

80 actions en 230 mesures à prendre avant 2015, avec quatre axes prioritaires constituent ce premier plan national d'adaptation au changement climatique.
L'eau :
Baisser la consommation d'eau « de 20 % d'ici à 2020, en éliminant les fuites dans les réseaux d'eau potables » responsables de 25 % des pertes mais aussi par une meilleure utilisation des eaux usées, dans l'irrigation et l'industrie.
La santé :
NKM prévoit « l'installation d'une veille à partir de 2012-2013 de certains insectes porteurs de maladies, qui peuvent se développer plus rapidement que leurs prédateurs et proliférer, ce qui présente des risques d'épidémies ». L'augmentation de la température des écosystèmes aquatiques est en effet favorable à une plus forte densité des moustiques. Ces derniers sont notamment porteurs de la dengue, du paludisme et du virus du chikungugna.
L'aménagement du territoire :
Adapter « les infrastructures ferroviaires, routières et les constructions de logements » - qui « doivent durer au moins 50 ans » - au changement climatique. Les normes de conception et de construction devront en tenir compte pour prévenir les éventuels dangers.
La forêt française :
Certaines espèces d'arbres ne sont pas suffisamment résistantes à la sécheresse et tendent à disparaître. La ministre a prévenu : il « va falloir diversifier les espèces et les ressources génétiques des essences d'arbres pour mieux adapter le parc forestier français ».
171 millions d'euros seront dédiés à ces mesures, auxquels s'ajoutent 391 millions au titre des investissements d'avenir.

Les conséquences de l'augmentation de température dans le Grand Sud

DES PAYSAGES BOULEVERSÉS

> En montagne : l'augmentation de la température a d'ores et déjà été constatée sur les Pyrénées avec une hausse de 1,1 degré au cours du XXe siècle. Ce qui s'est traduit par la réduction de 80 % de la surface des glaciers pyrénéens en l'espace d'un siècle, soit deux fois plus que dans les Alpes.
Dans les années à venir, cette disparition devrait s'accélérer. Dans les Pyrénées, et selon un rapport de l'Observatoire national sur les effets du changement climatique, ce sont « les stations de moyenne montagne qui vont être touchées de plein fouet par les évolutions du manteau neigeux ; certaines stations risquent de passer en dessous du seuil critique pour l'ouverture de la station ».
> En plaine : plus globalement, sur Midi-Pyrénées, « La température moyenne annuelle de la région a augmenté de 1,3° entre 1945 et 2007, contre 0.9° au niveau national », révèle un récent rapport de l'Agence régionale pour l'environnement. Cette évolution va avoir une incidence sur les essences d'arbres et sur les forêts. « Il faut s'attendre à terme à la disparition totale des forêts de hêtres dans le Sud-Ouest », estime Serge Lepeltier (lire ci-contre). « De la même manière, la gestion des feux de forêts va évoluer, avec une étendue vers le nord des zones dites sensibles. »
> Sur le littoral : l'augmentation de la température devrait provoquer une hausse du niveau de la mer comprise entre 0,5 m et 1 m d'ici la fin du siècle. D'ores et déjà, les pouvoirs publics anticipent une modification des plans d'urbanismes et d'aménagement du territoire pour intégrer cette donnée. Ainsi, la Camargue, déjà soumise à l'érosion, est menacée par la remontée du sel liée à la hausse du niveau marin.

MENACES SUR LE MAÏS

> Sécheresse. L'agriculture va devoir tenir compte des augmentations de températures, mais aussi des manques d'eau. L'Ouest et le Sud-Ouest seront plus affectés que le reste de la France, avec, pour le Grand Sud, des baisses de pluviométrie de l'ordre de 10 à 15 % d'ici la fin du siècle.
> Nouvelles cultures. Le manque d'eau va bouleverser les cultures. Pour Bernard Itier, directeur de recherche à l'Inra, « les cycles de production de certaines cultures comme le maïs ou la vigne seront plus courts. De fait, ils recevront moins de soleil et leur rendement sera donc plus faible. Les cultures s'adapteront en se déplaçant vers le nord. Mais les territoires du Sud vont en pâtir. »
Pour l'Inra, cette évolution menace les monocultures locales. « Pour s'adapter, les agriculteurs pourront par exemple associer la culture du maïs à celle du sorgho, moins gourmande en eau », poursuit Bernard Itier.
> La vigne en avance. Le vin n'est pas épargné par le réchauffement climatique : les vendanges surviennent plus tôt. Ainsi, pour le Banyuls, la date est passée du 29 septembre en moyenne en 1990 au 14 septembre en 2007. Pour le Bordelais, les dates de vendanges auraient aussi été avancées d'une quinzaine de jours ces vingt dernières années.

SANTÉ : GARE AUX MOUSTIQUES

Dans le Grand Sud, une augmentation de la température de 2° à 4° aura des conséquences importantes sur nos écosystèmes. Les chercheurs estiment en effet que certaines maladies tropicales pourraient être amenées à se déplacer vers nos contrées à la faveur de températures plus propices.
Deux rapports de l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) et du Mies (Mission interministérielle de l'effet de serre) anticipent en effet l'arrivée de maladies transmises par les tiques et les moustiques. Ainsi, le virus de la fièvre du Nil occidental, déjà repéré en Camargue, pourrait s'installer plus durablement dans le Sud-Ouest.
Transmis par les moustiques aux animaux, il peut contaminer l'homme. Les chercheurs du CNRS sont également en alerte sur la leishmaniose, une maladie transmise par de petits insectes et présente dans le sud de la France, mais aussi sur la peste équine et la fièvre catarrhale ovine, deux maladies virales qui présentent « un risque potentiel d'émergence sur le territoire français ».

VIE QUOTIDIENNE : HAUSSE DES PRIX

Dans nos vies quotidiennes également, le réchauffement climatique va avoir des incidences.
Outre les économies d'eau, sur lesquels tous les foyers vont être encouragés à faire des efforts, la hausse des températures aura des conséquences sur le porte-monnaie. Certes, les factures de chauffage seront logiquement moins lourdes, mais a contrario, les polices d'assurances devraient augmenter sensiblement, en raison de l'augmentation des épisodes climatiques violents : orages, tempêtes de grêles, sécheresses…
De même, le prix des matières premières devrait augmenter. Premier signe avant-coureur : la forte sécheresse de 2 011 a obligé les éleveurs à épuiser leurs réserves de fourrages. Les fédérations agricoles redoutent déjà pour l'an prochain une hausse de 15 à 20 % du prix de la viande de bœuf.

« Nos habitudes vont changer », Serge Lepeltier, ambassadeur français en charge des négociations sur le climat

Que sait-on aujourd'hui du réchauffement climatique ?
Il est inexorable. On sait depuis 1995 que le réchauffement a lieu et depuis 2000, nous savons qu'il est dû au comportement humain. Depuis trente ans, tous les modèles confirment ce réchauffement.
À quoi est-il dû ?
Nous savons aujourd'hui que les gaz à effet de serre mettent un siècle à se concentrer dans l'atmosphère. Le réchauffement actuel est donc lié à l'activité industrielle du début du siècle dernier ! Jusqu'en 2 060 au moins, les jeux sont faits. Tout ce que nous engageons désormais est fait pour limiter cette hausse pour les générations futures, à l'horizon 2 100…
Peut-on réellement inverser la tendance ?
On peut la limiter. En France, la hausse minimum serait de 2°. Si nous n'agissons pas, elle peut être de 4°. C'est la même chose pour la hausse du niveau de la mer, qui, à l'horizon 2100, peut osciller entre 0,5 m et 1 m d'augmentation. Il y aura des conséquences sur notre littoral, sur notre santé, notre économie…
C'est un bouleversement de notre quotidien…
Dans beaucoup de domaines nous allons devoir nous adapter, c'est évident. Mais depuis dix ans, c'est ce que nous faisons déjà. Nos préoccupations ont changé et nos habitudes avec. Il faut que la population s'approprie encore d'avantage ces évolutions.

climat

Le chiffre : 2

Degrés > Réchauffement climatique. C'est la hausse minimale à laquelle il faut se préparer d'ici la fin du siècle en France. Mais cette hausse pourrait atteindre les 4° en cas de non-évolution des mentalités.
« Les pouvoirs publics proposent des actions, mais au-delà, nous devons tous être conscients des efforts à faire à titre personnel. »
Serge Lepeltier, ambassadeur en charge des négocations sur le climat

F.C.

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