L'alerte est dorée

18 000 des 45 000 pieds atteints de flavescence dorée en Gironde devront être arrachés

Cet été, Catherine Bastiat a repéré ce pied atteint par la flavescence dorée.

(ARCHiVES CATHERINE DOWMONT)

Le chiffre est effrayant. 18 000 pieds de vigne vont être arrachés en Sauternes-Barsac et en Graves cette année sur les 45 000 condamnés dans l'ensemble du vignoble girondin. C'est ce que révèle Xavier Planty, président de l'ODG Sauternes-Barsac et du GDON, Groupement de destruction des organismes nuisibles, qui lutte depuis deux ans contre la flavescence dorée. Ces pieds de vigne sont touchés par ce virus inoculé par la cicadelle.

Sur les 6 600 hectares de Sauternes et de Graves, 2 650 ont été prospectés par les techniciens du GDON. « Le GDON s'étend sur 31 communes. On sait, aujour-d'hui, qu'il n'y a pas de flavescence dorée à Cabanac-et-Villagrains, Léogeats, Mazères et Guillos. En revanche, la situation est catastrophique dans trois communes : Virelade, Cérons et Podensac. Là, plus de huit pieds à l'hectare sont touchés. À Virelade, on atteint même 53 pieds à l'hectare en moyenne », indique Catherine Bastiat, directrice du GDON. « On savait qu'il y avait des foyers à Virelade, mais on n'imaginait pas que ce serait partout comme ça. » Les autres communes touchées sont Saint-Selve, Portets, Arbanats, Illats, Barsac, Preignac, Pujols, Bommes, Sauternes, Fargues, Toulenne, Langon et Saint-Pierre-de-Mons.

Xavier Planty est satisfait de la prise de conscience des vignerons. « Le premier traitement est bien adapté. Souvent, les deuxième ou troisième ne sont pas nécessaires. » Quand on sait que le traitement revient à 20 euros l'hectare, on imagine que la moindre économie a son importance. « Nous demandons une cotisation de 20 euros à l'hectare au GDON », rappelle le président.

Catherine Bastiat insiste sur le fait que 314 parcelles ont été traitées cette année. « Seulement 13 pièges ont révélé à nouveau la présence de la cicadelle et ont donc nécessité le deuxième ou le troisième traitement. »

« C'est un travail de longue haleine mais nécessaire », insiste Xavier Planty, qui salue le travail similaire mené, par exemple, par le GDON du Libournais. « La commune de Pomerol a ainsi pu sortir du dispositif après quatre années de surveillance. Il n'y a plus rien aujourd'hui. Juste quelques cicadelles pas porteuses du virus. »

Arrachage cet hiver

Les viticulteurs dont les pieds de vigne sont touchés vont recevoir prochainement la localisation exacte de ces pieds qui devront être arrachés cet hiver.

Une année encore sera nécessaire pour que l'ensemble des secteurs Barsac-Sauternes et Graves soit prospecté. « Les vignerons sont de plus en plus sensibilisés à cette maladie difficile à identifier. Il y a de très bons techniciens de la vigne qui ne repèrent pas les pieds touchés », précise Xavier Planty.

L'inquiétude des vignerons réside dans la façon dont la cicadelle circule et est susceptible de contaminer les vignes. « On le voit, la flavescence dorée suit la départementale 113. C'est flagrant. » On sait que l'insecte ne voyage pas très loin de là où il vit, 500 mètres par an, pas plus. En revanche, les matériels agricoles peuvent le transporter d'une parcelle à l'autre. « Et c'est terrible. Si un pied de vigne est atteint sur une parcelle et si rien n'est fait, en cinq ans, le vignoble est dévoré. »

Et le président du GDON Sauternes-Graves d'être inquiet de ce qui se passe ailleurs avec le GDON des Bordeaux et Bordeaux supérieur, qui demande une cotisation de 3,50 € à l'hectare aux viticulteurs.

« À ce prix-là, je ne sais pas faire ! »

Catherine Dowmont