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dimanche 7 novembre 2010

Enquête sur les néo-Toulousains

 Depuis les années 80 plus d'une centaine de familles Hmongs du Laos vivent à Toulouse
Jean-Paul Makengo./ Photo DDM
Jean-Paul Makengo./ Photo DDM
Jean-Paul Makengo./ Photo DDM
«Une mangeuse d'hommes », voilà comment Jean Coppolani définit Toulouse dans un ouvrage qu'il a publié en 1963. Depuis le milieu du XIXe siècle, la métropole haut-garonnaise attire. Toulouse est une ville d'histoire, certes, mais c'est avant tout une ville d'histoires singulières écrites par ses habitants. Toulouse est attirante par ses accents, attrayante par sa localisation, envoûtante par sa culture, et enivrante par sa gastronomie. Mais qui sont ces Néotoulousains ? Après une immigration historique venue d'Espagne et d'Italie dans la première moitié du XXe siècle puis du Portugal et d'Algérie dans la seconde moitié du siècle, la ville est aujourd'hui un véritable puzzle ethnique. Aujourd'hui, les communautés allemande, anglaise peuplent la banlieue alors que les Maghrébins et les Latins peuplent davantage le centre ville. Chaque année, ce sont plus de 20 000 personnes qui arrivent à Toulouse et dans son agglomération. Près de 120 nationalités se côtoient dans la Ville rose, la plus dynamique de France en terme d'accroissement de population avec 1,8 % d'habitants en plus par année dans l'aire urbaine de Toulouse. Une immigration qui vient de France essentiellement, mais pas seulement puisque 11 % des migrants sont étrangers. Les chiffres parlent d'eux-mêmes sur le cosmopolitisme de Toulouse… Trois habitants du Grand Toulouse sur quatre ne sont pas nés ici ! Son dynamisme socio-économique, son climat, sa localisation, son pôle universitaire sont autant d'atouts qui incitent les gens à venir s'installer à Toulouse. Le Néotoulousain d'aujourd'hui vient pour ses études, pour travailler, pour un cadre de vie mais il est quasi impossible de dresser un profil type tant les cas sont multiples et divers. Une chose est sûre, la diversité culturelle de la quatrième ville de France est grandissante. Le forum des langues qui a lieu au mois de mai sur la place du Capitole ou les nombreux festivals dédiés aux cultures du monde sont révélateurs du patchwork ethnique qui forme la ville de Toulouse. Venus d'horizons divers, de tous les continents, migrants d'hier et d'aujourd'hui forment un melting-pot toulousain bien réel.

Le chiffre : 2

étudiants > Rang. Derrière Paris, Toulouse est la deuxième ville de France qui attire le plus d'étudiants avec 25 % des habitants toulousains qui sont étudiants.

Les Hmongs de Toulouse

Peu de gens connaissent les Hmongs, ethnie du Sud de la Chine, du Nord du Laos et du Vietnam qui compte plus de 7 millions de membres. Ce peuple montagnard, réputé pour son agilité en milieu hostile a combattu à Dien Bien Phu aux côtés des Français. Dans les années 80, une fois la guerre du Vietnam terminée, certains se sont vus obliger de fuir leur pays, traqués notamment par l'armée laotienne (persécutions qui durent depuis plus de trente ans). À Toulouse et dans sa périphérie vivent aujourd'hui 150 familles Hmongs. Pierre Ly, né en France de parents Hmongs nous explique :
Pourquoi Toulouse ?
Mes parents sont arrivés à Port-Leucate d'abord, puis à Lodève dans l'Hérault. Ils sont venus à Toulouse pour le travail. Mon père était instituteur au Laos mais ici il s'est reconverti en carrossier ! Il avait une famille de dix enfants à nourrir.
Quels événements sont mis en place pour valoriser la culture Hmong ?
Nous avons deux associations dont « Hmongs et horizons » dont je fais parti. Nous essayons de faire connaître notre culture et notamment le wushu, sorte de kung-fu artistique que nous voulons développer. Nous prenons également part au forum des langues, c'est un super moyen pour échanger et rencontrer des gens de tous horizons.
Toulouse melting-pot ?
Il faut encore un peu briser la glace pour aller vers l'autre. Il faut davantage se rassembler autour de valeurs communes qu'autour d'idées communautaires.

Toulouse, ville multiple

Jean-Paul Makengo, adjoint à la mairie délégué à l'égalité et à la diversité est lui-même issu de l'immigration, venu du Congo à Toulouse pour ses études. Il nous explique sa vision.
Qu'est ce qui fait que Toulouse est dans une telle effusion culturelle ?
L'attractivité de la ville tant sur le plan économique et industriel qu'académique, contribue à mon sens à cet attrait.
Peut-on parler d'un « melting-pot » réussi ?
Sur certains plans comme la culture et le commerce oui ! Mais pour ce qui est de l'emploi, il reste du travail car les discriminations persistent.
Peut-on dire que Toulouse est la ville de France la plus dynamique sur le plan culturel ?
Les cultures en présence à Toulouse arrivent plus facilement à s'exprimer que dans certaines autres villes mais nous sommes encore en retrait devant Paris ou Marseille. La LGV devrait nous aider à corriger le désenclavement de la ville.
Quelles sont les raisons qui poussent les gens à venir à Toulouse ?
Pour les étrangers, c'est principalement l'emploi (14 % des travailleurs sont étrangers) et l'enseignement (12 % des étudiants). Mais pour les Français, c'est la situation géographique et le climat, ainsi que le dynamisme socio-économique de notre agglomération
N'avez-vous pas peur d'un risque de communautarisme néfaste à l'unité de la ville de Toulouse ?
Non car les quartiers populaires de Toulouse sont intra-muros à la différence des banlieues de Paris. Même au Mirail, il y a un brassage culturel bien que la plupart des habitants soit d'origine immigrée. Je crains plutôt la ghettoïsation sociale, qui elle, peut conduire à des replis communautaires.
Que pensez-vous de l'identité toulousaine ?
L'identité toulousaine est unique, mais elle se nourrit d'apports multiples venant principalement d'Europe et d'Afrique, outre les autres départements de la Région. Sans oublier l'Occitan.

interview

« Toulouse, Melting-Pot » par Agnès Klarsfeld

Agnès Baumier-Klarsfeld est journaliste, ancienne de l'Étudiant et de l'Express. Arrivée de Paris il y a neuf ans elle publie un livre intitulé « Toulouse melting-pot » qui sortira le 24 novembre, véritable guide des différentes cultures toulousaines qui en font sa richesse et sa diversité.
Comment et pourquoi êtes vous venue à Toulouse ?
Je suis venue de Paris fin 2001 pour suivre mon mari. Nous avions deux jeunes enfants et étions attirés par Toulouse pour des conditions de vie plus faciles : moins de temps de transport, un environnement plus convivial, un climat plus ensoleillé… C'est un parcours hyperclassique.
Comment vous est venue l'idée de faire ce livre ?
Je me suis rendu compte progressivement que je rencontrais très peu de Toulousains « de souche ». J'ai été frappée aussi de l'écart entre l'image de Toulouse que je pouvais avoir en arrivant, et la réalité du quotidien. Dans les livres que j'avais parcourus avant de m'installer à Toulouse, on parlait de l'histoire des Capitouls, du cassoulet, du pastel, de la violette, de l'Occitanie… En réalité, la ville est vraiment cosmopolite. J'ai voulu écrire ce livre pour refléter cette image d'une ville en expansion, d'une ville ouverte, et pour faire connaître l'histoire des nouveaux arrivés à Toulouse.
En quoi pensez-vous que Toulouse est si attractive ?
Cette vitalité, cette ouverture culturelle joue sûrement un rôle. Son dynamisme économique mais aussi sa localisation géographique.
Toulouse constitue- t-elle un Melting-Pot réussi ?
Le brassage n'est pas si facile. La Ville Rose attire, elle ne parvient pas systématiquement à valoriser les talents qui viennent à elle. Les choses se font sur un temps un peu long. Les Toulousains d'origine espagnole, très nombreux, et aujourd'hui parfaitement intégrés, le montrent bien. Leur arrivée a souvent été difficile.
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