Affaire Simbiosis : Alain Lapujade mis en examen
justice
Guzet : l'une des résidences inachevées, mais les travaux ont repris./Photo DDM, archives.
Le promoteur du village de vacances du Carla-Bayle et des résidences de tourisme d'Aulus et de Guzet a été mis en examen pour faux et usage de faux documents.
Début mai, un juge d'instruction toulousain a mis en examen Alain Lapujade, promoteur immobilier (Sas Simbiosis Properties) pour faux et usage de faux dans l'affaire des villages de vacances et des résidences de tourisme inachevés d'Aulus-les-Bains, de Guzet et du Carla-Bayle. « Il s'agit du volet pénal de cette affaire, commente Me Jacques Monferran, avocat des propriétaires lésés dans ce triple dossier. C'est la suite d'une plainte déposée par mes clients. Il y a également le volet civil de l'affaire qui suit son cours devant le tribunal de grande instance de Toulouse. » Ce second volet s'appuie sur les 200 assignations déposées conjointement par les familles qui ont investi dans ces différents projets immobiliers.
GARDE À VUE À TOULOUSE
Le promoteur immobilier Alain Lapujade se serait vu signifier sa mise en examen au début du mois de mai, après une garde à vue dans les locaux de la section financière du SRPJ (Service régional de police judiciaire), à Toulouse. Au terme de l'audition menée par les enquêteurs en charge du dossier, il a été laissé en liberté, au grand regret du président de l'Association des copropriétaires du Carla-Bayle (60 logements inachevés) : « ça me fait mal de savoir qu'il a pu embobiner tout le monde, que tout le monde ait cru à ses mensonges. Il a fait énormément de mal, souligne Didier Bresciani. Il faut savoir que nous payons depuis trois ans bientôt des charges élevées, pour rien. Des gens ont beaucoup souffert à cause de cette affaire et continuent à souffrir beaucoup. » Pour ces investisseurs, les conséquences sont d'abord matérielles et financières, mais morales également. Et parfois très cruelles.
CHIFFRER LE PRÉJUDICE
« Dans ce dossier, de notre point de vue, des gens ont été floués, reprend Me Monferran. Ils ont donné de l'argent pour financer des projets immobiliers. Ces projets n'ont pas été achevés. On peut se demander où est passé l'argent. Notre premier travail a été de faire achever les travaux (1), afin que les gens puissent enfin se voir remettre leurs appartements. Mais il faudra également calculer leur préjudice, notamment pour les années où ces logements n'ont pu être loués. Il y a tout un calcul à faire. » En attendant, le juge toulousain en charge des assignations a nommé un cabinet d'expertise parisien, qui doit se rendre sur place dans le courant du mois de juillet.
Trois sites, des destins variables
Aulus-les-Bains, Le Carla-Bayle et Guzet : ces trois sites ont un point commun, mais des destins variables. Résidences de tourisme ou villages de vacances : la société Simbiosis y a conçu des projets immobiliers, gagnant la confiance des banques, puis celle de quelque deux cents investisseurs attirés par les sirènes de la défiscalisation. Courant 2009, place au désenchantement : les travaux sont interrompus, les entreprises cessent de travailler et elles ne sont plus payées.
Aujourd'hui, le village de vacances d'Aulus paraît le plus mal en point des trois projets. Il devrait être définitivement abandonné et les propriétaires cherchent à être dédommagés. A Guzet, par contre, la résidence du Valier est en voie d'achèvement. Du côté du Carla-Bayle, enfin, où une soixantaine de logements sont en souffrance, les travaux doivent reprendre courant juillet, avec des fonds débloqués par la Caisse d'épargne, où la garantie d'achèvement des travaux avait été souscrite. L'Association de défense des copropriétaires espère une livraison au printemps 2012.
Carla-Bayle une réunion aujourd'hui
Les propriétaires du village de vacances inachevé du Carla-Bayle ont rendez-vous aujourd'hui en Ariège pour faire le point sur le dossier, sous la présidence de Didier Bresciani. Les avocats de l'association seront également présents afin de détailler l'avancement des différentes procédures en cours. Ces propriétaires sont originaires de différentes régions françaises.
PUBLIÉ LE 18/06/2011 08:22 | LAURENT GAUTHEY