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lundi 11 juillet 2011

Autant en emporte le marché mondial du vin !


Arrachage. L'historienne incontestable du Midi viticole se penche sur l'état actuel du vignoble et de son avenir.

Autant en emporte le marché mondial du vin !
Entre Rhône et Pyrénées se trouvent 70 % des superficies françaises proposées à l'arrachage. © Markus Kirchgessner / Laif-Rea
Ils sont des milliers, chaque année et depuis plus de trente ans, à arracher les vignes plantées à la force de leurs poignets, sous la charge de la dette ; quelque 30 000 hectares viennent d'être barbarisés au cours du dernier (?) régime financé par le Fonds européen agricole de garantie, et à cheval sur trois campagnes consécutives (2008-2011). L'expérimentation de l'arrachage temporaire, où celui qui est payé pour arracher n'est pas celui qui reçoit des aides pour replanter, n'a pas prouvé sa pertinence ; il avait été concédé en 2002-2003 et coûté des millions d'euros.
Dix ans plus tard, non seulement Languedociens et Roussillonnais arrachent sans espoir de replantation, mais ils n'épargnent pas les cépages réputés bonificateurs, tels les grenache, vieux carignan et autres ; les coteaux dépouillés se désertifient, alors que les bas-fonds irrigables et surmécanisés s'adonnent allègrement à la nouvelle viticulture industrielle qui n'a que faire d'IGP et encore moins d'AOC. Les actions de déstructuration et d'abandon du vignoble vont bon train entre Rhône et Pyrénées, où se trouvent 70 % des superficies françaises proposées à l'arrachage ; le vignoble régional se trouve ainsi actuellement ramené à ce qu'il était au début du XIXe siècle, soit moins de 240 000 hectares. C'était avant la révolution du rail ; ce qu'une prouesse technique avait fait, un calcul spéculatif le défait ; entre-temps, la vigne avait organisé le paysage tout autant que le village, scandé la respiration quotidienne dans le Midi et couvert près de 500 000 hectares. Non sans excès ni dysfonctionnements. C'était hier.
Stratégies
Aujourd'hui, l'injonction de créer de la valeur ajoutée l'emporte sur le devoir de travailler, le sauve-qui-peut a poussé à la disparition de la moitié des caves coopératives encore en place dans les années 1970. La nouvelle Fédération régionale des caves coopératives (janvier 2009) encourage la sélection d'outils de production performants sur le "grand" marché, elle pousse aussi au regroupement des structures les plus offensives. Entre stratégies agroalimentaires des vins anonymes et stratégies des vins culturels de terroir, les hésitations font tanguer la balance sans états d'âme mutuellistes. Les grandes déclarations fraternelles ont perdu de la voix.
Les capitaux de l'industrie, des transports et de la grande distribution ont le vent en poupe ; ils viennent relayer les spectaculaires installations de stars en quête de Sud. Chacun investit proportionnellement à ses moyens ; assurément tous ont le goût de l'entreprise et du commerce. Du vin continuera à couler de ces terres où prospère depuis des millénaires la vigne vinifère ; toutefois, la loi du marché sans règles ne deviendra pas juste en l'absence d'une volonté de justice.
 GENEVIÈVE GAVIGNAUD-FONTAINE *
Deux constats gagnent du terrain : d'une part, le prix de revient d'une marchandise n'est pas rabattable à l'infini ; d'autre part, la clientèle des vins de "garage" est bien difficile à fidéliser. L'argent, qui manque aujourd'hui aux vignerons boutés hors de chez eux, peut faire défaut demain à ceux qui gardent encore la main sur l'échiquier de la mondialisation.
* Professeur des universités à Montpellier. Chaire d'histoire des mondes contemporains, auteur de nombreux ouvrages, dont "Le vin en Languedoc et Roussillon. De la tradition aux mondialisations, XVIe-XXIe siècle" (Perpignan, Trabucaire Éditions, 2007, en collaboration avec Gilbert Larguier).




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