Agriculteurs à 300 mètres du métro
Marc et Corinne Bonnefous dans leur serre, du quartiers des Izards, à Toulouse. Ce sont les derniers agriculteurs bio de la ville. /Photo DDM Nathalie Saint-Affre.
C'est en 1984 que Marc et Corinne ont saisi l'occasion. Après des études d'ingénieurs agronomes à Purpan, ils se sont tous deux mis à la recherche d'un terrain pour réaliser leur projet : avoir une exploitation en agriculture biologique dans l'agglomération toulousaine. « On s'y sentait bien, on avait nos amis alors on a décidé de se mettre à chercher. Le jour où on nous a proposé un fermage de 4500 mètres carrés on a sauté sur l'occasion » explique Corinne, qui revenait alors d'un épisode de quatre ans en Équateur. Car les deux maraîchers ne se cantonnent pas à leur profession d'exploitants agricoles, ce sont aussi des passionnés. « Je travaillais dans l'ONG Terre des Hommes quand Corinne est partie avec la même organisation en Amérique du Sud » confie Marc, « pour nous le bio s'imposait comme une évidence dès le début ».
THOMAS BELET
Marc et Corinne Bonnefous dans leur serre, du quartiers des Izards, à Toulouse. Ce sont les derniers agriculteurs bio de la ville. /Photo DDM Nathalie Saint-Affre.
LE CHOIX DU BIO
Pourtant quand tout a commencé, l'effet de mode lié au bio n'était pas encore au goût du jour. Peu à peu, tous les agriculteurs se laissaient tentés par les engrais, pour améliorer leur production. Eux, sont restés convaincus. Attachés à leur projet. « Quand on s'est installé ici, il n'y avait que des terres agricoles autour. On pouvait vivre avec une exploitation d'un demi-hectare. Puis très vite la ville a poussé, il nous a fallu résister pour rester ici ». à plusieurs reprises, il a d'ailleurs été question de les exproprier, pour construire une route notamment. Ils ont aussi vu les tours d'immeubles s'élever, la poussée urbaine s'intensifier, le métro arriver… Mais eux sont restés, utilisant au maximum leur terrain d'un hectare et demi qu'ils ont pris en fermage en 1986, deux ans après leur première expérience.
ET DEMAIN ?
Leurs enfants ne semblent pas se diriger vers la reprise de l'exploitation. « Ils nous ont vus travailler toute notre vie et il est vrai que ce n'est pas facile d'être agriculteurs à 300 mètres d'une entrée de métro ! Mais qui sait ? peut-être qu'un jour ils changeront d'avis. Notre fille est dans la même école d'ingénieur agronome que nous avons faite » confie Marc. Cela ne l'empêche pas d'espérer « il est possible de produire en ville plutôt que d'envoyer les agriculteurs à la périphérie. Tout ne dépend que des choix des politiques. En plus la terre est bonne ici ». Dans la première moitié du XXe siècle, les Izards servaient encore de dépotoir « quand le plastique n'était pas omniprésent et que les déchets verts nourrissaient la terre ». Le sol est riche, bon pour la culture. « Il y a encore 10 hectares en friche autour de nous, j'espère que la mairie fera le bon choix… ». Au marché du Capitole le samedi, directement à leur exploitation ou dans les enseignes bio de l'agglomération. Marc et Corinne vivent leur rêve au quotidien. Vivre de leur agriculture biologique, coûte que coûte, à Toulouse.
Le chiffre : 1,5
hectares > En surface agricole. L'exploitation de la ferme de « Borde Bio » est de taille relativement petite avec seulement un hectare et demi de surface agricole.
THOMAS BELET