Economie
Les années noires ou grises se succèdent dans ce qu'il appelle « la ferme Lot-et-Garonne. » Constat mi-figue mi-raisin et filière par filière de Michel de Lapeyrière, le président de la chambre d'agriculture.
Cette image est vieille de dix ans presque jour pour jour. Une nouvelle fois, en 2011, la tomate a de nouveau perdu des couleurs./Photo DDM. Morad Cherchari.
1/L'ÉLEVAGE
Frappés de plein fouet par la sécheresse, les éleveurs bovins du département n'avaient franchement pas besoin de ce mauvais réglage de la météo printanière et estivale. Suivie par le syndicalisme agricole, la chambre d'agriculture a mis sur pied un plan d'aides : point info fourrage, sondage pour « connaître les besoins précis… La solidarité à l'échelon local à bien fonctionné » explique Michel de Lapeyrière. 150 hectares ont par exemple été offerts par des particuliers. « Exemplaire » dit le président de la chambre d'agriculture quand il parle de ce geste.
L'élevage lot-et-garonnais doit bénéficier du régime des calamités agricoles, qui prévoit entre autres, un dégrèvement de la taxe foncière non bâtie. Gros bémol toutefois : un tiers des éleveurs sera éligible, la faute à une méthode de calcul indemnitaire « dont on demande qu'elle soit revue depuis des années. »
2/FRUITS ET LÉGUMES
Le climat n'est pas forcément plus à l'euphorie chez les producteurs de fruits et légumes. Tomate, salade, melon en chute libre ou à peine maîtrisée cet été. Michel de Lapeyrière parle de « situation catastrophique » sur ces trois produits phare de la filière dans le département, avec des baisses de prix « qui auraient pu nécessiter le déclenchement du coefficient multiplicateur » glisse l'élu.
Ce dispositif né d'un amendement du sénateur Soulage en 2005 n'a jamais été déclenché. « On attend que le ministre veuille bien le prendre en compte. Pourquoi n'applique-t-il pas la loi, c'est un mystère. » Le coefficient multiplicateur contraint, en théorie, la grande distribution à respecter un écart maximum entre le prix de vente et le prix d'achat. « Il suffit de quelques centimes d'euros à l'achat à la production. »
La chambre d'agriculture n'évoque pas l'avenir du pruneau d'Agen. Interrogé quand même sur ce secteur essentiel de l'agriculture, Michel de Lapeyrière suit l'avis d'une partie des organisations de producteurs. « L'accord sur les prix a été signé en fonction d'un tonnage donné. Dès lors, puisque la récolte est de moitié, on ne doit pas appliquer la clause. Elle n'a pas lieu d'être. »
3/LA DÉMOGRAPHIE AGRICOLE
Le recensement de la population agricole vient d'être rendu public. 2010, 7 200 exploitations mais aux environs de 4 500 professionnels. En dix ans, le département a perdu près du quart de ses exploitations (-22 % de source officielle), et près de 18 000 hectares. C'est pire dans l'élevage (25 %) et encore pire au sein des éleveurs laitiers (50 %). La disparition de ces exploitations concerne surtout les petites et les moyennes fermes. Ce recensement agricole 2 010 couvre les dix dernières années et couvre une décennie de gestion de la chambre d'agriculture par la Coordination rurale. Est-ce un échec ?
Sans surprise, Michel de Lapeyrière répond non. « Nous avons limité l'hémorragie, ce problème n'est pas propre au Lot-et-Garonne. Nous avons fait pression pour que les installations d'agriculteurs soient facilitées ». Et de citer le « combat » pour que soit assouplie la réglementation pour la création de lacs d'alimentation, les élevages industriels de poulets ou l'accès à la main-d'œuvre saisonnière. « La politique que nous avons menée n'a pas joué contre l'installation. »
Tour d'horizon avec le président de la chambre d'agriculture, Michel de Lapeyrière qui parle de crises au pluriel cette année pour l'agriculture dans le département.
« Pour le marché aux bestiaux, le Min est une solution. Il en existe d'autres mais il faut de toute façon garder une référence pour l'élevage. »
repères
Le chiffre : 29
France > classement. Le Lot-et-Garonne est 29e au classement des départements français pour le potentiel économique, 15 % pour son aura régionale. 60 % de la surface agricole utile (180 000 hectares) sont consacrés aux grandes cultures.