Environnement
Aux abords du pont de Cabessut, à Cahors, les plantes aquatiques ont proliféré. Les poissons aussi./ Photo DDM, AM
Le promeneur attentif n'aura pas manqué de le remarquer : à Cahors, depuis le printemps, le Lot est envahi de plantes, tantôt brunes, tantôt vertes, aux abords des berges et des ponts, là où l'eau est peu profonde. Une prolifération exceptionnelle d'herbiers, et non d'algues, qui serait sans risque pour le milieu aquatique.
Aux abords du pont de Cabessut, à Cahors, les plantes aquatiques ont proliféré. Les poissons aussi./ Photo DDM, AM
Les herbiers profilèrent de façon exceptionnelle cette année. En cause : un débit très faible et un grand soleil. Un phénomène qui profite aux rivières mais nuit aux plans d'eau.
« Ces plantes aquatiques sont soit du myriophyllum, soit du ceratophyllum. Ce sont des espèces communes mais, cette année, la colonisation est assez importante », note Patrice Jaubert, directeur de la Fédération départementale de pêche. En cause, « un étiage qui a commencé très tôt et une eau très claire, qui a favorisé un ensoleillement maximal », explique-t-il. Outre le Lot, certains bras morts de la Dordogne ou plans d'eau, comme celui de Lamothe-Fénelon (voir ci-contre), sont également touchés par d'autres espèces, comme la renoncule aquatique.
« SUPERMARCHÉ » À POISSONS
Si dans des milieux d'eau stagnante, la prolifération de ces plantes peut être catastrophique, provoquant un appauvrissement en oxygène, en rivière, elle est inoffensive. « Il y a toujours un apport d'eau en rivière, l'eau s'oxygène. »
Le développement de ces plantes serait même « plutôt positif », à en croire Patrice Jaubert : « Les grandes espèces de poissons pondent dessus, les petits poissons s'y réfugient et c'est une source alimentaire pour tous. » Un pêcheur rencontré aux abords du pont de Cabessut, l'une des zones colonisées par les plantes, parle même de « supermarché » pour les grands carnassiers, tels le brochet. De fait, la zone grouille de poissons.
Côté baignade, pas de danger non plus. « L'eau du Lot est analysée toutes les semaines. On regarde de près s'il y a des cyanobactéries (NDLR : les « algues bleues », qui sont toxiques) et ce n'est pas le cas », assure Alain Toullec, directeur de la Direction départementale des territoires (DDT), qui vante lui aussi les bienfaits de ces plantes sur la biodiversité.
Bénéfiques pour le milieu aquatique, sans risque pour la baignade, les plantes sont néanmoins des gênes pour les pêcheurs de petits poissons, qui, ça et là, pour des concours notamment, ont dû les éliminer. André Mention, président de l'AAPPMA (Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique) de Cahors, prend ça avec philosophie : « C'est un problème naturel ; quand on est pêcheur, on ne peut pas non plus vous apporter le poisson sur la poêle. »
« Catastrophe » à Lamothe-Fénelon
Inoffensive, voire bénéfique, en rivière, la prolifération de ces plantes aquatiques dans les plans d'eau est, en revanche, beaucoup plus problématique car elles appauvrissent l'eau en oxygène. Le plan d'eau de Lamothe-Fénelon, en Bouriane, est ainsi envahi de myrophyllium brésilien, une espèce originaire d'Amazonie qui peut mesurer jusqu'à 3 mètres de long et que l'on reconnaît à ses pointes vert clair émergeant de l'eau. « C'est une catastrophe, on ne voit plus un centimètre d'eau sous les plantes », s'alarme Patrice Jaubert. Une réunion devait avoir lieu, hier après-midi, à la Fédération départementale de pêche à Cahors pour envisager un éventuel traitement.
la phrase
« Ces plantes sont les meilleures maternités possibles pour les poissons. On ne s'en plaint pas. »
André Mention, président de l'AAPPMA de Cahors