Plongée spéléo dans le Quercy : 14 morts en 33 ans
Jean-Luc Obereiner est ancien spéléologue lui-même./Photo DDM, Marc Salvet archives
JEAN-MICHEL FABRE
Jean-Luc Obereiner est ancien spéléologue lui-même./Photo DDM, Marc Salvet archives
Jean-Luc Obéreiner, le président de Quercy recherche, ex spéléo lui-même, réagit après le dernier accident mortel survenu dans le gouffre Saint-Sauveur. Il se déclare pour une limitation de la promotion des gouffres.
Les propos de Jean-Luc Obereiner, le président de Quercy Recherche, association dans laquelle il milite depuis 1974 pour la préservation du patrimoine, vont sûrement irriter plus d'un amateur du monde souterrain. Ex-spéléologue lui-même et, par ailleurs, président du comité scientifique du Parc naturel régional, Jean-Luc Obereiner a voulu réagir après le dernier accident mortel survenu le vendredi 23 septembre dans la source de Saint-Sauveur, à Calès. La victime était un plongeur polonais dont le corps fut retrouvé à 35 m de profondeur.
« La mort en plongée spéléo dans le département du Lot, c'est 14 décès en 33 ans ; les deux tiers de ces accidents ont eu lieu au Ressel à Marcilhac et à Saint-Sauveur. Cette liste est établie à l'échelle nationale et internationale. » Ce rappel tragique fait, lui se prononce pour une spéléologie « réservée aux mordus, aux initiés, aux spécialistes ». Le président de Quercy recherche ajoute : « À mes yeux, il y a une ligne rouge à ne pas franchir. Il faut limiter la promotion des gouffres et ne pas attirer des classes entières sous terre, la spéléo n'est pas une activité anodine. » Selon Jean-Luc Obereiner, beaucoup trop de personnes fréquenteraient aujourd'hui ces résurgences sans autorisation. « En revanche, je suis pour des explorations bien montées, suffisamment préparées et qui ont le feu vert des autorités. »
Milieu limité et fragile
Guy Bariviera, le président départemental du comité de spéléologie du Lot, refuse d'entrer dans cette polémique : « La spéléologie et la plongée souterraine sont deux disciplines radicalement différentes », rappelle-t-il. Le président du CDS 46 préfère souligner l'impact économique des retombées du tourisme d'exploration dans le sous-sol quercynois : « En 1990, il y a vingt et un an déjà, le Lot concentrait 50 % des activités du souterrain en Europe. Cela veut dire des gens qui louent des gîtes, consomment sur place. »
Diamétralement opposé à ce point de vue, le président de Quercy recherche prône l'absence de pub autour de ces cavités, milieu limité et fragile selon lui. « Quand des scientifiques découvrent des orchidées sur les causses ou lorsque des archéologues font une trouvaille, ils n'en parlent pas. »