Alors que les marchés poussent à une recapitalisation des banques, notamment françaises, ces dernières estiment encore pouvoir maîtriser leur avenir.
Depuis le mois d'août, la tension ne se relâche pas sur les banques européennes et les banques françaises en particulier. Et cette semaine ne devrait pas déroger à la règle, dans l'attente notamment du vote jeudi du plan grec par le Parlement allemand. Pour autant, des plans nationaux ou européen de recapitalisation des banques ne semblent pas, à ce stade, d'actualité. Au niveau européen, la maximisation de l'impact du Fonds de stabilité financière est liée à la mise en oeuvre de l'accord du 21 juillet sur le sauvetage de la Grèce. En France, depuis le début du mois de septembre, les pouvoirs publics réfléchissent pour leur part à différents scénarios de recapitalisation des banques françaises, afin de pouvoir réagir rapidement en cas d'urgence. Mais ces travaux, plusieurs fois éventés et chaque fois démentis (« Les Echos » du 7 septembre), suscitent pour l'heure nombre d'interrogations.
Faut-il recapitaliser toutes les banques en même temps, afin de n'en stigmatiser aucune, comme en 2008 ? C'est la thèse défendue par Alain Minc, un proche de l'Elysée. Faut-il au contraire injecter de l'argent public à l'occasion de rapprochements, afin de favoriser la création d'acteurs plus solides ? Le scénario d'un adossement de la Société Générale à BNP Paribas a ainsi été envisagé, mais présente des risques très élevés. Sous quelle forme intervenir ? Les actions de préférence, utilisées en 2008, ont offert une grande souplesse aux banques, en faisant de l'Etat un actionnaire muet. Mais dans un contexte politique préélectoral, sont-elles le meilleur outil ? L'idée de nationaliser purement et simplement les banques est défendue par certains, mais elle paraît irréaliste, tant sur le principe qu'en termes budgétaires. Enfin, avec quel argent l'Etat peut-il soutenir les banques sans mettre en péril la note de sa propre dette ? Selon plusieurs sources, la Caisse des Dépôts a été sollicitée vers la mi-septembre. Elle pourrait intervenir de plusieurs manières, mais ses ressources ne sont pas illimitées.
Rejet d'un appel à l'actionnaire
Un sauvetage public apparaît dès lors comme l'ultime recours en cas de ruée aux guichets des banques et de fermeture des agences (« bank run »). « Une situation impossible », clament à cet égard plusieurs banquiers qui assurent que les banques garderont leurs guichets ouverts quoi qu'il arrive, compte tenu de leurs coussins de liquidités et des facilités « illimitées » promises par la BCE.
Pour éviter une recapitalisation forcée, les banques françaises doivent cependant renforcer rapidement leur solvabilité par la mise en réserve de leurs résultats et la mise en oeuvre des mesures annoncées de réduction de leur refinancement en dollars, de leur bilan - considéré comme trop élevé selon les critères d'effet de levier anglo-saxons -, de cessions de portefeuilles voire d'entités. En revanche, les banques rejettent pour l'heure l'appel à leurs actionnaires . « Tout le jeu consiste à rester manoeuvrant entre nos différents leviers », souligne un banquier. D'où l'accélération de la mise en oeuvre des exigences en fonds propres de Bâle III. Les banques françaises seront a priori toutes au-dessus des 7 % de fonds propres durs en 2013 voire début 2013. Quitte, s'il le faut, à verser moins ou pas de dividende à leurs actionnaires ou simplement sous forme d'actions.