Mauroux
Jean-François Meyan (au second plan) a fait ses armes pendant 8 ans en Alsace, avant de venir dans le Lot. / Photo DDM, J-M. F.
Entre les rangs de vigne, lorsque les cueilleurs sont à l'ouvrage, ça parle flamand, hollandais, français. Au Château Latuc, à Mauroux, propriété depuis 2002 d'un couple de Belges, Jean-François et Geneviève Meyan, les vendanges sont européennes et festives.
« Depuis qu'on a repris le domaine, on a pris l'habitude d'inviter tous nos amis à cette période. Ils participent bénévolement à la récolte, sont tous déclarés et passent chez nous une semaine de vacances. » Ces saisonniers sont pour Jean-François Meyan des amis de quinze ans. « Ils ne comptent pas leurs heures ; s'il faut attaquer la récolte à 8 heures, ils seront là. »
En contrepartie, ces hôtes sont choyés. Quatre à cinq personnes assurent l'intendance, le portage du café au milieu de la parcelle, la préparation des repas servis sous un chapiteau et la bière belge, qui coule à flot. Les vendangeurs logent sur place. « Tous les lits qui peuvent être réquisitionnés le sont, on a même aménagé des couchettes dans le chai », précise le propriétaire.
Sur ce domaine de 17 hectares de vignes, le vigneron réserve 1,5 ha au blanc sémillon chardonnay. Sur une autre parcelle, il cultive un cépage cabernet franc, le reste de la propriété viticole est en malbec. « On a commencé la vendange manuelle par les malbecs pour faire d'abord du rosé. »
Les consignes sont simples : cueillir les belles grappes, éliminer grains mâchés ou trop secs. « Le raisin est sucré et il y a du fruit », constate, pour s'en réjouir, Jean-François Meyan. La récolte s'annonce bonne et belle en quantité : « Si on pouvait monter à 35 ou 40 hectos l'hectare, ce serait parfait pour nous en termes de rendement. »
Le Château Latuc produit 65 000 bouteilles par an. « On essaie de vendre tout nous-mêmes, sans importateur, sans revendeur. » Le vigneron doit jouer les commerciaux lui-même : « Je passe 35 week-end par an loin de ma famille pour écouler ma production. »
Jean-François Meyan rappelle un proverbe flamand : « Vigneron, c'est un métier que le diable n'a pas voulu faire. » Lui comme son épouse (ils sont tous deux ingénieurs agronomes) ne regrettent pas leur choix. Leurs amis belges seront leurs ambassadeurs de retour au pays.
JEAN-MICHEL FABRE