Aux petits soins pour les petits gibiers
fédération départementale de la chasse
Les chiffres sont éloquents : depuis 2001, 46 associations de chasse se sont engagées dans les plans d'aménagements et de gestion. Elles ont permis l'aménagement de plus de 300 îlots et le repeuplement par 4 480 lapins, dont 1 530 en provenance de parcs des associations de chasse avec reproducteurs de souche sauvage. Lors de l'assemblée générale d'avril dernier, la Fédération départementale de la chasse du Lot a décidé d'aller plus loin avec un programme sur trois ans de développement du petit gibier. 50 000 € par an, soit au total 150 000 € mobilisés pour aider les associations s'engageant dans l'aménagement de s territoires (lire encadré ci-contre et article ci-dessous).
GIBIER CHOUCHOUTÉ
À Berganty, Serge Jarlan est un président de société de chasse heureux. Ces aides accompagnant la sueur des adhérents ont permis de créer 5 garennes à lapins (provenant de reprises à Cuzance) et 2 points d'eau. « Nos axes sont l'aménagement du territoire, le renforcement ou la création des populations ; puis le piégeage et la régulation des prédateurs », explique Sylvie Bidart, technicienne chasse originaire de Berganty. « La création de garennes permet aussi la transmission d'un savoir-faire technique ancestral », sourit Serge Jarlan. Les perdrix rouges sont aussi chouchoutées à Berganty avec une dizaine de parcelles cultivées en blé noir ou luzerne mais non récoltées. « Tous les gibiers en profitent ! ».
Autre exemple : l'association intercommunale Laroque-des -Arcs-Lamagdelaine-Valroufié est investie depuis 1994 dans une politique petits gibiers, dont la perdrix rouge. Une journée d'information a rassemblé 50 chasseurs, cet été, pour poursuivre l'effort qui se révèle déjà payant, puisqu'une hausse des effectifs a été observée : 6 couples en 1994 ; 33 actuellement. Un cercle vertueux…
153 associations aidées
Présidée par Jean-Louis Mirc, la commission « petits gibiers » gère un programme de 150 000 € sur trois ans. Les subventions sont octroyées à des territoires de projet correspondant à des entités de gestion appliquant un cahier des charges spécifiques à l'espèce.
En 2010, la fédération a octroyé des aides à 153 associations.
Les subventions petits gibiers ont concerné le repeuplement (7 028 € pour le perdreau ; 1 548 € faisan ; 1 172 € lapin ; 4 730 € lièvre) ; les aménagements du territoire (639 € garennes et clapiers ; 526 € parquets de transition ; 19 347 € cultures petit gibier ; 1 162 € girobroyage) ; les équipements (248 € agrainoirs ; 1 650 € points d'eau) et la régulation des prédateurs (4 026 € matériel de piégeage).
Les aides aux jachères faune sauvage en Quercy Blanc ont représenté 13 223 € et la surveillance sanitaire 803 € (cadavres examinés au laboratoire départemental).
Aménager pour renforcer les populations
En 2011/2012, priorité est donnée au lapin et à la perdrix rouge. Les territoires de projet font acte de candidature puis un diagnostic de terrain est réalisé avant l'élaboration d'un prévisionnel et la présentation du projet à la commission petit gibier. Pour le lapin, l'objectif est la création ou le renforcement des noyaux de population par l'aménagement d'îlots (1 garenne de 10 à 20 m2, 2 à 3 clapiers et 3 îlots par secteur avec interdiction de chasser sur les îlots durant deux ans). Obligation est faite d'avoir aménagé 3 secteurs minimum au bout des trois ans. Les lâchers de lapins proviennent en priorité de reprise en nature. Pour la perdrix rouge, l'objectif est le renforcement des populations par l'aménagement des territoires. Un plan d'aménagement et de gestion sur 3 ans (sur 5 000 ha minium). Des lâchers d'oiseaux ont déjà été organisés cet été.
Former les piégeurs
Dans la perspective de lutter contre les espèces nuisibles, la Fédération départementale de la chasse organise deux à trois sessions de formation de piégeurs agréés. Elles regroupent de 20 à 25 personnes sur deux journées à Gramat et Cahors. Le Lot compte actuellement 1 300 piégeurs agréés par la préfecture. Le contenu de la formation porte sur la connaissance des espèces, la réglementation du piégeage, la manipulation des pièges et la mise à mort des animaux. Seules les espèces nuisibles définies par une liste arrêtée chaque année par la préfecture sont piégées : renards, corneilles, ragondins, pies… Le piégeage suppose l'accord du propriétaire du terrain et une déclaration préalable en mairie. à l'issue de la campagne de piégeage, un bilan de capture est établi puis envoyé à la direction des territoires. Il servira à élaborer la liste préfectorale des nuisibles pour l'année suivante. Le cas échéant, un constat de dégâts des nuisibles est rédigé. Pour se former, il suffit de s'inscrire auprès de la fédération : une formation est déclenchée dès que 20 à 25 personnes sont inscrites.
Devenir chasseurs : Trois sessions du permis de chasser sont organisées en 2012 : 1) Formation théorique les 28 janvier ou 30 janvier au choix. Mise en situation examen le 18 février. Examen théorique le 21 février. Formation pratique et examen en mars. 2) Formation théorique les 17 ou 19 mars au choix, mise en situation examen le 7 avril. Examen théorique le 10 avril. Formation pratique et examen en mai. 3) Formation théorique les 15 ou 17 septembre au choix. Mise en situation examen le 29 septembre. Examen théorique le 5 octobre. Formation pratique et examen en novembre.
interview
Serge Gay : "Plus de 95 % du gibier lotois est naturel"
Serge Gay est vice-président de la Fédération départementale de la chasse.
Comment se porte le petit gibier dans le Lot ?
Contrairement à certaines idées répandues dans l'opinion, la situation du petit gibier s'est améliorée depuis 40 ans. Pour le lapin, les maladies sont moins destructrices et de bons noyaux de population se sont reconstitués. L'amélioration est certaine pour le lièvre. Il n'en va pas de même pour le perdreau rouge qui voit ses effectifs s'éteindre sur certaines zones mais ce n'est pas le fait de la chasse car il n'y a pas de prélèvement mais provient de l'évolution de la biodiversité culturale (zones abandonnées) et la non-maîtrise des nuisibles, notamment les becs droits (corneilles, pies) qui détruisent les nids. Pour les migrateurs (palombes et bécasses), la situation n'a pas changé depuis des décennies, hormis que le passage des palombes s'effectue de plus en plus sur l'ouest de la France, donc moins sur notre département. L'effectif des canards est en hausse.
L'agriculture est-elle bénéfique ou néfaste pour le petit gibier ?
Hautement bénéfique. La bonne santé du petit gibier est liée à la présence de l'agriculture, surtout si elle est diversifiée. De nombreuses surfaces agricoles abandonnées deviennent un désert en matière de petit gibier mais en revanche favorable au grand gibier, notamment le sanglier. Au plan national, les plus fortes densités de lièvres et de perdrix sont dans les zones agricoles les plus intensives malgré la mortalité engendrée par la mécanisation (fauche des prairies).
Les lâchers de gibiers restent-ils importants ?
Il existe deux types de lâchers : 1) Les animaux reproducteurs lâchés en période de fermeture pour améliorer la situation de certaines espèces ; ce qui induit de la part des chasseurs beaucoup de temps, d'argent et de bénévolat. 2) Les animaux lâchés pour le tir. La pratique devient marginale, hormis dans des enclos commerciaux car aujourd'hui la nature, par la bonne gestion qui en est faite, est suffisamment généreuse. Ceci s'ajoute à la forte progression des espèces de grands gibiers (chevreuils, sangliers, cerfs), élargissant la gamme des espèces pouvant être prélevées. On peut affirmer aujourd'hui que plus de 95 % du gibier lotois est naturel. Sans qu'il y ait opulence, un équilibre satisfaisant s'est établi entre la nature et le chasseur. Notre rôle est de rester vigilant, de façon à préserver les espèces en difficulté et à maîtriser les espèces en excédent.
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