Complexe sportif Parc des sports Henri Cavallier
Un temps promise à démolition, la «piscine de l’usine» de Fumel a sauvé son bassin suspendu. Sous son plongeoir, la mémoire des premiers bains et une cachette en temps de guerre... En approchant la piscine de l’usine de Fumel, Lot-et-Garonne, haut vestige de béton au bord du stade de rugby et des terrains de tennis, les odeurs de chlore et de chips au soleil, la carte à poinçonner, les claquettes en bois du maître-nageur et l’effroi excitant du plongeoir de 10 mètres ( qui en faisait plutôt 6) remontent les flots de la mémoire. Construite dans les années 40, quand l’architecture du béton faisait encore entrer les bâtiments publics dans l’ère moderne, elle est constituée d’un bassin suspendu de 25 mètres entouré d’une étroite plage carrelée et d’un bastingage métallique. Faisant face au plongeoir, une grande salle en rotonde offre une vue panoramique sur les quelques centaines de baigneurs, enfants de l’usine Pont-à-Mousson et des environs qui y passaient les après-midi, entre retour de la colo et ramassage des haricots.
Cuivre et autres matériaux sous le bassin
Labellisé «patrimoine du XXe siècle», au même titre que la piscine Nakache de Toulouse (lire ci-contre), l’établissement fumélois a bien failli être démoli. Inutilisé depuis les années 70 au profit d’une nouvelle piscine «olympique» (elle-même en panne de restauration depuis 2 ans), il conserve les messages hygiénistes de l’époque gravés sur les portes des cabines: «Bien essuyé, c’est conserver sa santé»!Et au bord du bassin, cet avertissement: «Cracher dans le bassin est dangereux pour tous, utilisez les rigoles.»
Le parc des sports de Fumel porte le nom d’Henri Cavallier. Un ancien champion ?
«Non,Henri était le père de Jean Cavallier, patron de Pont-à-Mousson qui avait quitté les environs de Nancy au début de la guerre pour replier la production en Lot-et-Garonne», raconte Emile, 83 ans, retraité de la «PAM». Ouverte en 1942, près du terrain de rugby préexistant, la piscine n’allait pas seulement servir à apprendre la brasse. Dans ses fondations, le directeur général adjoint de l’usine, Roger Aurin, avait fait couler... des matérieux inutiles à la construction. «En fait, j’y avais fait placer des plaques de cuivre et d’autres métaux pour les soustraire au regard des occupants», nous avait raconté le dirigeant incontesté de «la boîte», comme on appelait l’usine. Un petit trésor de guerre comme d’autres stockaient les victuailles.
Maintenant on fait quoi?
A la fin du conflit, M.Aurin, surnommé «la pipe» parce qu’il l’avait toujours à la bouche, avait ordonné la récupération des matériaux. Malicieux, si ce n’est vengeur, il avait confié ce chantier à un petit groupe de prisonniers de guerre allemands. Aujourd’hui, la piscine domine de sa longue histoire un parc des sports qui s’est modernisé: un terrain city multi-activités a été installé, les rugbymen de l’USFL se sont construit une buvette, un petit skate parc a remplacé les courts de tennis. Si les matériaux n’ont pas si mal résisté au temps (les carreaux Cerabati aux reliefs tapioca, le plongeoir, les bastingages), l’établissement ne pourrait être remis aux normes des piscines actuelles. La piste de la démolition, un temps évoquée, a été écartée. Mais qu’en faire? Un sujet pour le maire et nouveau député, Jean-Louis Costes.La vieille piscine de Roubaix, dans le Nord, a été transformée en musée d’art et d’industrie. L’avantage, c’est qu’elle était déjà couverte...
«Cracher dans le bassin est dangereux pour tous, utilisez les rigoles»
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| Inventaire général du patrimoine culturel |
Cuivre et autres matériaux sous le bassin
Labellisé «patrimoine du XXe siècle», au même titre que la piscine Nakache de Toulouse (lire ci-contre), l’établissement fumélois a bien failli être démoli. Inutilisé depuis les années 70 au profit d’une nouvelle piscine «olympique» (elle-même en panne de restauration depuis 2 ans), il conserve les messages hygiénistes de l’époque gravés sur les portes des cabines: «Bien essuyé, c’est conserver sa santé»!Et au bord du bassin, cet avertissement: «Cracher dans le bassin est dangereux pour tous, utilisez les rigoles.»
Le parc des sports de Fumel porte le nom d’Henri Cavallier. Un ancien champion ?
«Non,Henri était le père de Jean Cavallier, patron de Pont-à-Mousson qui avait quitté les environs de Nancy au début de la guerre pour replier la production en Lot-et-Garonne», raconte Emile, 83 ans, retraité de la «PAM». Ouverte en 1942, près du terrain de rugby préexistant, la piscine n’allait pas seulement servir à apprendre la brasse. Dans ses fondations, le directeur général adjoint de l’usine, Roger Aurin, avait fait couler... des matérieux inutiles à la construction. «En fait, j’y avais fait placer des plaques de cuivre et d’autres métaux pour les soustraire au regard des occupants», nous avait raconté le dirigeant incontesté de «la boîte», comme on appelait l’usine. Un petit trésor de guerre comme d’autres stockaient les victuailles.
Maintenant on fait quoi?
A la fin du conflit, M.Aurin, surnommé «la pipe» parce qu’il l’avait toujours à la bouche, avait ordonné la récupération des matériaux. Malicieux, si ce n’est vengeur, il avait confié ce chantier à un petit groupe de prisonniers de guerre allemands. Aujourd’hui, la piscine domine de sa longue histoire un parc des sports qui s’est modernisé: un terrain city multi-activités a été installé, les rugbymen de l’USFL se sont construit une buvette, un petit skate parc a remplacé les courts de tennis. Si les matériaux n’ont pas si mal résisté au temps (les carreaux Cerabati aux reliefs tapioca, le plongeoir, les bastingages), l’établissement ne pourrait être remis aux normes des piscines actuelles. La piste de la démolition, un temps évoquée, a été écartée. Mais qu’en faire? Un sujet pour le maire et nouveau député, Jean-Louis Costes.La vieille piscine de Roubaix, dans le Nord, a été transformée en musée d’art et d’industrie. L’avantage, c’est qu’elle était déjà couverte...
«Cracher dans le bassin est dangereux pour tous, utilisez les rigoles»
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