Région Languedoc-Roussillon
Quelques mandibules trouvées sur le site du Cailar, dans le Gard. © DR L Damelet CCJ
Un texte ancien cite le témoignage d'un Grec qui, se promenant vers 100 avant JC dans nos parages, fut choqué lorsqu'il visita les bourgades celtes. A la longue, dit-on, il finit par s'habituer... Mais qu'avait-il donc vu, cet antique voyageur ? Des têtes coupées, partout. Clouées devant les maisons. Plantées sur des poteaux. Positionnées sur le rempart de la ville. Nichées dans les alvéoles d'un linteau. Car les faits sont là : sur les champs de bataille, nos chers ancêtres les Gaulois coupaient les têtes des ennemis tués, les ramenaient accrochées à l'encolure de leur cheval, puis les exposaient crânement à côté de leur porte ou au milieu du village. Et cette "déco" macabre étaient largement répandue, comme le montre l'exposition Des Rites et des Hommes présentée au musée Henri Prades de Lattes.
50 têtes dans le Gard
Prenez Le Cailar, dans le Gard. Le site, qui fut occupé du 6e siècle avant JC jusqu'à l'époque romaine, est fouillé depuis 2002. Au sein de remparts, sur une place, les archéologues ont découvert pas moins de 2 000 fragments de crânes humains, datés du 3e siècle avant notre ère. Ces têtes tranchées étaient rassemblées dans une sorte de sanctuaire guerrier, perchées sur des poteaux. "Elles étaient exposées avec des armes, que l'on a aussi retrouvées, qui étaient cassées afin que l'on ne puisse plus les utiliser", explique Réjane Roure, maître de conférence à Montpellier III, responsable des fouilles. Combien d'ennemis décapités, au final ? "Grâce au comptage des mandibules, qui sont présentées à Lattes, on estime qu'il y en a eu une cinquantaine sur un siècle, répond celle qui est aussi commissaire de l'expo. Elles n'ont pas toutes été exposées en même temps. On peut penser que seules quelques têtes étaient exhibées pendant cinq, dix ans". Charmante perspective, que l'on ne trouvait pas seulement chez les Gaulois...
Les Ibères aussi
Car côté Catalogne, les Ibères perdaient aussi la tête. Un crâne venu d'Espagne est ainsi présenté à Lattes, qui porte la marque très claire d'un clou. "La frontière des Pyrénées n'existait pas à l'époque, note Réjane Roure. Les Celtes et les Ibères avaient donc des contacts, et des pratiques très proches". Se prenaient-ils mutuellement la tête ? "On pense plutôt que les conflits opposaient des tribus entre elles", indique la spécialiste.
Et qu'avaient-ils à l'esprit, ces exhibitionnistes de crânes ? "Leur pensée est difficile à estimer. Les Gaulois croyaient en la réincarnation, et il y avait peut-être une histoire d'âme là-dedans. Mais plus sûrement, on estime qu'il s'agissait d'un trophée, une façon de montrer sa valeur guerrière, avec un côté dissuasif. Une façon de dire : attention, si vous nous embêtez, on vous coupe la tête...».
On comprend l'émoi de notre voyageur grec, vers 100 avant JC. Comme le montre l'exposition de Lattes, lui se contentait sans doute de petits sacrifices aux dieux, un poisson par ci, un serpent par là. Pas de quoi perdre la face.
Prenez Le Cailar, dans le Gard. Le site, qui fut occupé du 6e siècle avant JC jusqu'à l'époque romaine, est fouillé depuis 2002. Au sein de remparts, sur une place, les archéologues ont découvert pas moins de 2 000 fragments de crânes humains, datés du 3e siècle avant notre ère. Ces têtes tranchées étaient rassemblées dans une sorte de sanctuaire guerrier, perchées sur des poteaux. "Elles étaient exposées avec des armes, que l'on a aussi retrouvées, qui étaient cassées afin que l'on ne puisse plus les utiliser", explique Réjane Roure, maître de conférence à Montpellier III, responsable des fouilles. Combien d'ennemis décapités, au final ? "Grâce au comptage des mandibules, qui sont présentées à Lattes, on estime qu'il y en a eu une cinquantaine sur un siècle, répond celle qui est aussi commissaire de l'expo. Elles n'ont pas toutes été exposées en même temps. On peut penser que seules quelques têtes étaient exhibées pendant cinq, dix ans". Charmante perspective, que l'on ne trouvait pas seulement chez les Gaulois...
Les Ibères aussi
Car côté Catalogne, les Ibères perdaient aussi la tête. Un crâne venu d'Espagne est ainsi présenté à Lattes, qui porte la marque très claire d'un clou. "La frontière des Pyrénées n'existait pas à l'époque, note Réjane Roure. Les Celtes et les Ibères avaient donc des contacts, et des pratiques très proches". Se prenaient-ils mutuellement la tête ? "On pense plutôt que les conflits opposaient des tribus entre elles", indique la spécialiste.
Et qu'avaient-ils à l'esprit, ces exhibitionnistes de crânes ? "Leur pensée est difficile à estimer. Les Gaulois croyaient en la réincarnation, et il y avait peut-être une histoire d'âme là-dedans. Mais plus sûrement, on estime qu'il s'agissait d'un trophée, une façon de montrer sa valeur guerrière, avec un côté dissuasif. Une façon de dire : attention, si vous nous embêtez, on vous coupe la tête...».
On comprend l'émoi de notre voyageur grec, vers 100 avant JC. Comme le montre l'exposition de Lattes, lui se contentait sans doute de petits sacrifices aux dieux, un poisson par ci, un serpent par là. Pas de quoi perdre la face.