On voit les traces de coups de bec sur cet agneau .Photo DDM Stéphanie Leborne.
Des attaques d'ours ou de loups sur des brebis, Dieu sait si on en a parlé. Mais des attaques de grands corbeaux sur des brebis, c'est quand même beaucoup moins évident. Bernard Antony qui est éleveur d'ovins (160 brebis) à la ferme de l'Armissa sur la commune d'Artigat vit un cauchemar depuis quatre ans : des grands corbeaux attaquent son troupeau, cette année il a perdu 50 agneaux soit une valeur marchande de 7 000 € et une trentaine de brebis. « Les corbeaux attaquent en bande et arrivent à regrouper le troupeau. Des fois ils le poussent contre les clôtures grillagées où les brebis se blessent. Ils se perchent sur les brebis et leur crèvent les yeux, ensuite ils s'attaquent au ventre. Les brebis finissent par mourir. Parfois ils attaquent une brebis en train de mettre bas, tirent sur le placenta et mangent l'agneau naissant. C'est du jamais vu, cette année est catastrophique. » Quand nous sommes arrivés à la ferme il flottait dans l'air une odeur de charogne. Un agneau avait été tué et une bande de corbeaux rôdait. Certains se sont posés et ont attaqué la dépouille, mais impossible de les approcher : les oiseaux noirs sont hyperméfiants et s'envolent au premier mouvement détecté dans le secteur, sans pour autant s'en éloigner. Pas question de tirer sur les oiseaux : le grand corbeau est protégé. Bernard Antony a écrit une lettre au préfet. On y lit notamment : « J'ai contacté chaque année, et plusieurs fois par an, l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ainsi que la mairie pour qu'ils constatent les dégâts et viennent régler ce problème définitivement. Mais à ce jour rien n'a été fait et mon troupeau subit toujours de dégâts. Je sollicite de votre part non seulement une intervention rapide mais aussi l'obtention d'une indemnisation à hauteur des préjudices causés » Bernard Antony remarque qu'une décharge a été fermée il y a quelques années à Artigat ; les oiseaux privés de nourriture s e seraient-ils rabattus sur autre chose ? « L'ONCFS est venu constater, il était question d'effaroucher les corbeaux, de les piéger, mais je ne vois toujours rien venir… » Affaire à suivre. JEAN MARTINET