Agen.
Filière pruneau d'Agen
Les producteurs auraient laissé entre 30 et 60% de la récolte à terre. «C'est travailler pour des prunes», lance Patrick Léger, de l'UPI./ Photo DDM, archives.
L'État doit accepter ou non le régime des calamités agricoles demandé par la profession après une récolte 2011 chaotique. Pour autant, le prix payé aux producteurs doit-il être revu ?
Dans les vergers de prunes d'Ente, l'état d'esprit des producteurs ressemble au climat de juillet : pluvieux et froid. Raison invoquée, le fossé qui sépare désormais l'accord sur les prix et la récolte en elle-même, entre 22 000 et 28 000 t et plus sûrement moins de 26 000 t au total, contre les 42 000 à 45 000 attendus avant le début de la récolte.
Président de l'Union des producteurs indépendants (UPI), Patrick Léger a adressé ses propositions à la profession dès hier. Il demande tout bonnement l'annulation des -10 % négociés dans un contexte de récolte normal. Contenue dans l'accord signé à l'arraché en juillet, la cotisation export ne devrait plus exister, toujours selon l'ancien président du Bureau interprofessionnel du pruneau (BIP). Le solde de la récolte à la fin décembre, le paiement d'une partie de la campagne 2 010 à la fin du mois et une augmentation du prix à la tonne des pruneaux de petits calibres figurent aussi sur la liste des propositions. « Ce n'est pas en baissant le prix du pruneau de 10 % quand le prix du gaz augmente de 25 que l'on va inciter les pruniculteurs à récolter », lâche Léger. « Aujourd'hui pour boucler la saison, il nous reste l'espoir d'un dossier calamités agricoles. Mais cela ne fait-il pas partie de notre métier ? La principale calamité ne serait-elle pas les décisions prises en interprofession (sic) ? ».
Le coprésident du GED (*) Luc Lapèze confirme en avoir fait la demande aux pouvoirs publics. Pour faire court, « on a assisté à un choc physiologique au moment de la récolte, qui concerne aussi la prune de table ». Coups de vent, pluie, orages… Les résultats des analyses d'une commission technique seront soumis à un comité d'expertise présidé par le préfet, le 7 novembre prochain. Dans ce domaine, c'est Paris qui décide ensuite. On sait toutefois que ce dispositif de soutien (prêts bonifiés, aides directes) n'est pas accessible à tous les producteurs. S'il n'a pas vocation à se mêler de la négociation sur les prix, le GED « appuie les organisations de producteurs dans leurs revendications » visant à revoir ces prix négociés sur la base d'une récolte finalement inférieure aux prévisions. « Le contexte a changé… ». Au GED, on décrit « une tension » dans les vergers, tension directement liée au manque de trésorerie constatée chez une partie des producteurs de prunes d'ente.
Président de la coopérative France Prune et donc acheteur d'une bonne partie de la récolte 2011, Jean-Luc Jaguenaud considère également que « le niveau de prix est mauvais ». Mais, précise-t-il, renégocier les prix à la mi-septembre s'avère difficile. « Je le répète, le prix se fait sur le marché. Certes, inverser le processus sécuriserait les producteurs mais cela n'est pas possible à mon avis. Les appels d'offres avec la distribution sont lancés, on peut difficilement faire machine arrière ». Une réunion de concertation est prévue à la fin septembre.
(*) Groupement d'étude et de défense de la prune d'ente de l'Agenais