«La truffe, pas un produit standard»
Interview
Alain Ambialet, président du Syndicat des producteurs de Lalbenque./Photos DDM Marc Salvet |
Le premier marché aux truffes à Lalbenque aura lieu demain. Le rendez-vous est très couru chaque année. Mais les producteurs sont inquiets : un projet de loi voudrait standardiser leurs truffes.
Les trois coups de la saison trufficole seront donnés demain à 14 heures, dans la grand-rue du marché à Lalbenque. Les producteurs du coin, de Lalbenque, Aujols, Laburgade ou Cremps seront là avec leurs paniers, dissimulant jusqu'à la dernière minute sous un torchon à carreaux, leurs précieux champignons. Et face à eux, il y aura la foule attirée par la magie du diamant noir. Le rituel se tiendra cette année dans un climat d'inquiétude, car un projet de décret sur la mise sur le marché des truffes, préoccupe les producteurs. Le point avec Alain Ambialet, président du Syndicat des producteurs de Lalbenque.
Un décret de loi sur le commerce de la truffe est en préparation. Pourquoi vous inquiète-t-il ?
Il inquiète les producteurs comme les transformateurs car on voudrait faire de la truffe un produit standardisé, calibré et de qualité égale. On ne peut pas produire la truffe avec un moule, quand elle pousse entre la terre et les cailloux, forcément elle est biscornue. Nous ferons tout au syndicat pour alléger le texte.
Comment se présente la saison ?
De mai à la mi-août, ce fut parfait avec de l'eau à peu près régulièrement. Puis la sécheresse s'est installée : pas une goutte en septembre et octobre. Les truffes de marque que l'on devinait sous la terre fin août, ce qui était un très bon signe, n'arriveront pas à maturité. Heureusement, il y a eu des orages localisés sur Laburgade et Aujols.
De nouvelles truffières ont-elles été plantées ?
Les plantations sont régulières. Il se réalise entre 10 et 12 hectares de nouvelles truffières chaque année sur notre secteur. Elles sont plantées à 99 % avec du chêne pubescent. Nous recevons toujours autant de demandes, mais ce sont les terrains qui manquent.
Il faut attendre combien de temps pour avoir des truffes ?
On a des résultats avec du chêne-vert à partir de la 5e année ; encore faut-il travailler le sol, apporter de l'eau, entretenir. C'est une culture.
Les acheteurs seront-ils sûrs d'acheter de la truffe du coin ?
On distribue à chaque producteur une carte d'identification, les apports sont surveillés, on connaît les marchands. Tout est fait dans la transparence. Si quelqu'un tentait d'écouler de la truffe étrangère, cela se remarquerait et je peux vous dire que le syndicat porterait plainte.
Les prix vont-ils s'envoler ?
Je l'ignore. Les prix sont libres et répondent à la loi de l'offre et de la demande.
Quel avait été l'apport l'an dernier ?
Il avait été de 500 kg. Une petite saison, et cela fait 3 ans que ça dure.
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL FABRE
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