Ils traquent le champignon tueur de vigne
Depuis le IVè siècle, on fabriquait son vin à partir de ses vignes |
Non, les étudiants du labo tout neuf ne travaillent pas sur un projet de culture hors sol de la vigne. Même si les ceps de vigne poussent ici, très nombreux, dans les locaux tout neufs du laboratoire de physiologie végétale-biologie moléculaire. Quelques chercheurs et étudiants de l'école d'ingénieurs de Purpan, portant blouse blanche et gants bleus s'affairent autour des ceps au panache de feuilles vertes.
Le labo toulousain (qui travaille avec l'Ensat) est l'un des principaux en France à lutter contre l'esca, une maladie liée à des champignons qui se développent et tuent les ceps de vigne. «Nous essayons de comprendre comment la maladie s'attaque aux ceps, l'esca est une cause de moralité importante de la vigne, responsable de 10 % de perte de la production viticole et touchant 80 % du vignoble français», explique Alban Jacques, enseignant chercheur, «d'où l'importance de nos recherches. Nous faisons pousser des ceps en accéléré - la maladie met normalement dix ans à se développer- que nous infestons volontairement de champignons parasites pour comprendre comment ils se développent», poursuit le chercheur.
La crainte d'un nouveau phylloxera
Certains cépages subiraient des pertes allant jusqu'à 30 %. Des vignobles comme le muscadet ne tiendraient plus les rendements à cause de ce fléau qui inquiète les viticulteurs, craignant un nouveau phylloxera, qui avait détruit le vignoble français au XIX e siècle.«La maladie ravage les vignobles depuis que l'arsenite de soude, trop dangereux, a été interdit pour traiter les ceps. Nous travaillons sur la stimulation naturelle des défenses de la plante ou sur des agents de bio-contrôle tels que bactéries ou champignons (les bons champignons empêchant les mauvais de s'insinuer dans les ceps.